Orient&Orient

Un jour, je lirai Edward Saïd.

Tag: Acupuncture

#54

COMING BACK TO JAPAN

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Me voilà de retour au Japon. Participant à une étude sur les déplacés et indécis post-Fukushima, je suis en balade dans le nord du Japon pour rencontrer nos participants. Je pensais que j’aurais un peu de temps pour faire du tourisme, mais je crois que ça risque d’être difficile. Va savoir pourquoi, je n’ai juste pas le temps pour faire autre chose que stresser et tenter de préparer mes entretiens. Mes activités se limitent à tenter de trouver un café sympathique qui me laissera squatter pendant des heures, si possible avec une prise et le wifi.

En ce moment, je suis à Sapporo, capitale de la préfecture de Hokkaido, île du grand nord. Il fait actuellement environ 5°C, mais il ne neige pas et il fait bien sec. Bref, c’est un climat parfait pour une pseudo-alsacienne. J’ai fait un tour dans une auberge de jeunesse fort agréable, où j’ai été accueillie par une bande de gens effrayants déguisés pour Halloween. J’y ai découvert les plaisirs du chauffage (le vrai, pas le chauffage comme à Tokyo), avec les parties communes bien chauffées et des couettes épaisses. La nuit fut agréable, bien que courte, comme d’habitude. Mon angoisse concernant les entretiens à réaliser s’accumule dans mon cerveau et je me retrouve généralement à me réveiller tôt, en me disant que j’arriverai peut-être à faire quelque chose de ma vie pendant ces quelques heures supplémentaires. Seulement, mon corps ne suit pas le mouvement et hier j’ai clairement eu des problèmes de concentration SÉRIEUX (genre se tromper d’adresse pour l’auberge ou perdre la clé USB que j’avais les mains quelques minutes plus tôt). Bref, les gens, il faut dormir, c’est essentiel !

Pour cette nuit, j’ai changé d’auberge de jeunesse, et je suis maintenant au 365 Social Hostel. Les chambres sont adorables, avec des lits superposés particulièrement mignons. Les lits sont grands (le futon un peu fin), les couettes sont épaisses (toujours !) tandis que passer du temps dans l’espace commun du 1e étage permet de rencontrer des gens sympas. Je pense que j’ai fait des progrès en plusieurs années. Quand je repense à la fois où j’étais à Kyoto seule pendant une semaine et que je n’ai pas posé les pieds une fois dans la salle commune de l’auberge, je suis maintenant ultra sociable ! *tousse*

Le bonheur pour 3 nuits, c’est que je reste dans la même auberge. Je dois encore me déplacer une fois dans 2 nuits pour aller à Hakodate, une ville plus au sud (3,3h de train, 70€!!!!) où j’ai (normalement) 2 entretiens à réaliser. Mon sac à dos et ma petite valise me paraissent peser une tonne et mon dos ne supporte plus rien. Dire que j’ai fait de l’acupuncture en arrivant au Japon parce 8 mois sans massage + l’avion m’avaient détruit le dos, je me retrouve au point de départ…

Bref, je vais filer déjeuner. Il est 12h29, mon ventre commence à hurler famine, c’est la crise !

La bonne journée à vous !

#35

AIGUILLES

Voici venue la mousson japonaise. Nous sommes sous la pluie depuis une semaine et demi, c’est particulièrement désagréable. Vous me direz, aujourd’hui, nous avons du soleil. Ça fait du bien. Mais naturellement, il faut garder son parapluie sous le bras, parce qu’on ne sait jamais quand on va prendre une petite douche. J’ai eu la chance de voir des nuages annonciateurs (ambiance bison futé) en sortant de la maison et j’ai attrapé mon parapluie au passage, mais d’autres ont pris une sacrée saucée à la sortie du train. J’ai d’ailleurs investi dans un parapluie non-pliable. C’est certes moins pratique, mais la petitesse des parapluies féminins pliables japonais est déconcertante. C’est pour les enfants, dites ? Et non, je n’ai pas opté pour un parapluie transparent, le plus commun ici, parce que s’il y a bien UNE chose que les Japonais chapardent, ce sont les parapluies transparents. Vous entrez dans un magasin, laissez votre parapluie à l’entrée et, si c’est un endroit avec beaucoup de passage, vous avez un grand pourcentage de chance de ne pas le retrouver à la sortie. J’ai donc acheté un très joli parapluie vert-eau (pour changer), à motif et poignée dorée, bien féminin, pour éviter d’attirer les salarymen désemparés ou… un colocataire dans le besoin.

Bref, aujourd’hui, j’avais envie d’écrire quelques lignes concernant la ‘culture’ du massage au Japon. En France, on va généralement chez le kinésithérapeute (à vos souhaits) ou de plus en plus chez l’ostéopathe pour se faire remettre en place quelque articulation. Mais généralement, vous souffez déjà beaucoup quand vous y allez. D’autres vont dans des salons de massage, mais ça se divise généralement entre salons louches (mmh, massage thaïlandais vous dites ?) et plaisir de passer une heure dans une ambiance exotique, avec des huiles essentielles et de la musique orientalisante. Au Japon, tous vos maux ont des noms. Vous avez les épaules douloureuses ? Vous avez un 肩こり (kata-kori), mal répandu auprès des gens qui passent beaucoup de temps à travailler sur un ordinateur, assis. Vous vous êtes coincés le bas du dos ? Mon pauvre, vous avez certainement un ぎっくり腰 (gikkuri-goshi), et vous allez souffrir une bonne semaine. Et pour tous ces maux, il y a des masseurs qui vous pétrissent énergétiquement, vous font horriblement mal mais vous remettent sur pied.

Ayant des problèmes de dos (qui ne datent pas d’hier), j’ai décidé de suivre les conseils d’une collègue de travail et d’aller dans un salon de massage. J’y suis allée avec Giovanna (inséparables, je vous dis), qui souffre aussi du dos. Giovanna opte pour une heure de massage, tandis que je prends l’option « massage + acupuncture ». Comme c’est la première fois que je vais dans ce genre d’endroit, je suis un peu anxieuse, surtout à l’idée de me faire planter des aiguilles dans la nuque. Le masseur me rassure et commence par tenter de me débloquer les épaules. « Mh, vous êtes… tendue ? » Si peu… Je sens les nœuds dans mon dos à chaque fois qu’il presse quelque part et me demande si on est censé hurler STOP ou attendre que ça passe. Apparemment, il vaut mieux dire quand ça fait mal. AÏE ! Il me pose plusieurs questions étranges qui me font remarquer que je ne connais rien de mon corps, mais que les Japonais ont tendance à avoir une connaissance assez poussée de leur enveloppe charnelle et de ses problèmes. Ils savent exactement où ils ont mal, quand, dans quelle position. Ils sont capables de vous pointer les parties de leur corps qui ne vont pas bien, tandis que je ne pouvais que vaguement lui dire « J’ai mal… dans le dos… » « Quelle partie ? » « Heu… le haut ? Et le bas ? » Heureusement qu’il était particulièrement gentil et compréhensif. Je pense sincèrement qu’il était plus à même de me dire ce qui ne va pas dans mon corps après 30 secondes de palpations (bah) douloureuses. Il m’a tiré sur les bras, tenté de remettre la colonne en place (va falloir y retourner), a testé la souplesse de mes jambes (qui est apparemment étrangement développée pour quelqu’un qui a le dos aussi coincé). Le moment où il a planté cette dizaine d’aiguille dans le haut de mon cou, j’ai gentiment arrêté de bouger, respirant le plus lentement possible. « Ne vous inquiétez pas, ça ne fait pas mal ! » Je veux bien, hein, mais c’est quand même des aiguilles qui viennent se loger près de mes nerfs, je peux être un peu nerveuse, non ? D’ailleurs, la sensation des aiguilles qui appuient sur les parties crispées de votre corps est vraiment… bizarre. Vous sentez votre corps résister et en même temps se détendre petit à petit. Instant 이게 무슨 일이야 ?!

Après une heure de jen’aiaucuneidéedecequ’ilestentraindemefaire, on nous propose un thé pendant qu’on nous prépare notre carte de fidélité et qu’on nous explique les tarifs pour les prochaines séances. Cette première séance bénéficie d’un tarif spécial, vu que c’est notre première visite. 3,500y (25€) pour une heure de massage et d’acupuncture. Ma prochaine séance, prévue pour mon retour de Corée, coûtera 4,500 (32€). Je pense que c’est plutôt correct. Du coup, au lieu d’attendre à chaque fois que mon corps me dise phuque yoü, je pense que je vais y aller régulièrement et me faire défaire progressivement les tensions que j’ai dans le haut du dos. Owi.

Sinon, j’ai fini de planifier les grandes lignes de mon séjour à Séoul. Il reste encore à ajouter quelques bâtiments que mon architecte en herbe souhaite aller voir et ça devrait le faire. Je vous enverrai quelques photos ASIOC ; retrouvailles avec Constance obligent !

En attendant, à la bonne vôtre !