Orient&Orient

Un jour, je lirai Edward Saïd.

Category: WTF Japanication.

#16

NO, MY NAME IS NOT MARIÉ, IT’S MARIE!

Hier, ma mère regardait une émission intéressante sur le non-mariage des jeunes Japonais. Elle se concentrait sur pourquoi les femmes n’avaient pas forcément envie de se marier et comment elles vivaient ce choix. Ce qui était frappant, c’était la différence des raisons avancées par les Françaises. Il y a une version sur pourquoi les hommes ne veulent plus se marier, mais je n’ai pas encore eu le temps de la regarder. Je vous dirai, à l’occasion.

En attendant, les femmes mettent en avant quelques arguments assez raisonnables mais parfois surprenants :

  • Je ne veux pas perdre ma liberté ;
  • Je ne veux pas être mère maintenant ;
  • Je suis trop occupée ;
  • Je ne veux pas arrêter de travailler ;
  • Je ne suis pas capable de m’occuper du ménage (au sens de couple) ;
  • Le mariage ne signifie plus “stabilité économique”, je préfère m’occuper de moi même ;

Le mariage est associé avec : perdre son emploi, s’occuper des tâches ménagères, faire des enfants. Il y a une dimension fortement privative de liberté qui est avancée par ces dames. Certaines disent “ça ne me dérangerait pas de devenir femme au foyer, mais je suis encore trop jeune pour ça”. WTF ?

En même temps, quand on y pense, les choses ne sont pas faites pour que les femmes puissent prendre leur envol. Il existe encore beaucoup de pression sociale pour que la femme ne prenne pas trop de place dans les entreprises (les femmes “carriéristes” étant souvent pointées du doigt), tandis que l’absence d’infrastructures pouvant prendre en charge les enfants rend difficile le cumul enfant + travail à temps plein. Les femmes sont donc amenées à rester quelques années à la maison, à s’occuper de la progéniture, tandis que monsieur s’échine à ramener de quoi manger.

C’est amusant que personne n’ait encore proposé d’ouvrir plus de crèches et écoles maternelles. Après tout, c’est tout de même un moyen assez efficace pour permettre l’empowerment des femmes, comme ils disent si bien. Que les hommes n’y pensent pas, c’est leur problème, mais que les femmes ne s’organisent pas un minimum, c’est étonnant. Les temps changent, les femmes sont de plus en plus indépendantes, mais elles n’ont toujours pas imprimé l’idée que si elles ouvraient des crèches, ça soulagerait tout le monde ? Étonnant.

Le rôle de la femme, pilier du foyer et de la vie domestique, est-il encore si bien ancré dans les esprits ? C’est ce qui semble transparaître, puisque même les femmes se conforment à ce schéma de pensée. “Je ne veux pas devenir une femme au foyer.” Mais pourquoi diable le deviendrais-tu ? “Je ne veux pas perdre ma liberté.” Parce qu’il n’y a aucun homme au Japon qui comprendrait une femme qui souhaite conserver une part de sa vie personnelle ? C’est comme si l’émancipation des femmes ne pouvait se faire qu’en opposition frontale avec les hommes, comme s’il était impossible de combiner vie sentimentale et vie professionnelle ; nonsense.

Je pense que ce serait intéressant d’en parler avec des gens de notre âge, parce que les personnes interrogées étaient un peu plus âgées (un peu plus que la trentaine). Apparemment l’effet bulle économique des années 90 est important, car quand on interrogeait les femmes de l’époque sur ce qu’elles pensaient du mariage, elles parlaient d’épanouissement personnel et de romance, alors que les femmes aujourd’hui parlent plutôt de stabilité économique et d’enfants. Ah, les effets de la conjoncture !

#14

CREUSER, TOUJOURS PLUS LOIN.

Voici une vidéo qui vient compléter ma série WTF Japan.

Japon : je creuse donc je suis par lemondefr

Comme vous pouvez le voir, il s’agit d’une compétition de creusement de trou. J’aime beaucoup le commentaire du monsieur, très sérieux, qui dit que c’est difficile de trouver un endroit où creuser, mode sérieux enclenché. Pourquoi voudrais-tu creuser sérieusement ? J’ai du mal à voir l’intérêt de creuser pour creuser, mais je serais très heureuse que l’on me l’explique !

#8

GIRLS&BOYS

J’étais gentiment en train de tenter de lire La Construction sociale de la réalité, par P. Berger et T. Luckmann (glamour) quand je me suis laissée distraire par youtube (pour changer). Mes yeux sont tombées sur une émission sans intérêt particulier, Made In Korea, dans laquelle ce panel de photos est apparu :

Crossdressing B1A4.

Crossdressing B1A4 (Baro/CNU/Jinyoung/Sandeul/Gongchan)

La qualité est mauvaise, je m’en excuse, même si je pense que vous vous en tamponnez les oreilles avec une babouche. L’intérêt (limité) de cette image était d’introduire un sujet qui fait froncer les sourcils de l’Homme Blanc : la tendance des asiatiques à aimer le crossdressing. Ici, ce sont les cinq membres des B1A4. J’ai été extrêmement surprise par CNU, qui d’habitude ressemble à un ours en hibernation. Sandeul a déjà toute mon affection pour avoir joué le rôle de la fille (진짜 예뻐 ) dans leur remake de Boys Over Flower (Badeul RPZ). Jinyoung n’a plus à faire ses preuves, surtout que HE’S A NATURAL (no bias here). Et Gongchan traine son image de maknae choubidou (beuh) depuis leurs débuts, donc une perruque ne peut pas lui faire de mal. Baro (non, je ne fais pas une fixation sur sa période “TriedToWalk”cheveuxblondsbleusroses) reste celui qui s’en sort le moins bien. En même temps, 顔濃いからしょうがないか comme disent les Japonais. Je n’ai jamais su comment traduire cette expression. Google trad vous dira que ça veut dire “il a le visage sombre”, mais ce n’est pas tout à fait ça. 濃い(koi) veut dire “foncé, sombre ; épais (consistance) ; fort (en goût)”. Appliqué à un visage, ça signifie qu’on a des traits forts, bien déterminés, qui se remarquent. En tant que nonélevéeauJapon, j’ai du mal à voir ce qu’ils entendent par là. Les Japonais ont beau me montrer des photos d’acteurs, je ne comprends pas ce “critère”. Parait-il par exemple que Matsumoto Jun et Kiritani Kenta ont des visages marquant. Et que de manière générale les Européens en ont aussi. RACISME !

[D’ailleurs, si déjà on y est, les gens qui ont des visages “typés” européens sont appelés “バター顔・ソース顔(butter face・sauce face)” tandis que les gens qui ont des visages très orientaux sont appelés “しょうゆ顔 (soysauce face)”. Et cette année, ce sont les 塩顔 (salt face) qui sont en vogue, à savoir les gens qui ont un air gentil et doux, mais un physique masculin qui tranche avec cette première impression.]

BREF, pour en revenir sur le crossdressing, c’est quelque chose d’assez répandu. Au Japon, il existe même des compétitions de miss pour les garçons, dans les lycées. Les garçons empruntent les uniformes de leur soeur/amie, se déguisent et défilent, avec toutes les lycéennes qui gloussent et applaudissent. Je n’ai jamais eu l’occasion d’assister à ce genre d’événement, mais ce serait drôle d’en trouver un cette année. Les Japonais ont une dissociation homme/femme qui est légèrement différente de celle que l’on connait en France. Comme quoi, socialisation et construction du genre, hein ! Il faudrait que je lise plus à ce propos. Mais voici quelques petits exemples :

  1. Il existe dans l’art du spectacle japonais une sorte de théâtre, le kabuki. Etant donné que le kabuki est entièrement dédié aux hommes. L’origine du kabuki remonte à des spectacles religieux, où une prêtresse se déguisait en homme prenant du bon temps dans un quartier de plaisir (dixit wikipédia). Naturellement, c’était scandaleux et immoral, alors ça a été interdit. Pour être repris par des prostituées, qui ont aussi été interdites de représentation. Le tout pour que ce soit des hommes qui reprennent le tout (ça vous étonne ?), virant toute femme des représentations. Mais cela signifie que ce sont des hommes qui jouent le rôle de femmes (女形 – onna gata). Ils sont d’ailleurs généralement spécialisés dans le rôle de femme. De fait, le crossdressing est présent même dans le traditionnel.
  2. Les hommes ne sont pas particulièrement “virils”, au sens où on l’entendrait en France. Là, tout le monde rit. On met un Italien à côté d’un Japonais, je pense qu’on voit à peu près ce que je veux dire. Les Japonais ont tendance à être assez androgyne, autant sur le point physique que cosmétique. Les filles n’ont pas énormément de formes, les garçons ne sont pas particulièrement larges d’épaule, tout le monde fait un IMC de -160. Pilosité minimale chez les uns comme chez les autres (ce qui n’a fait qu’aggraver mon désamour profond pour les poils).
  3. Les cosmétiques pour homme sont de plus en plus développés. Après tout, pourquoi seules les femmes pourraient prendre soin d’elles ? Les soins de la peau sont particulièrement appréciés (surtout en Corée, où ils en font des tonnes), ainsi que ce qui permet de cacher les petites imperfections. Les Japonais restent soft, d’après ce que j’ai vu. Pas de maquillage pour le moment et peu de poudre/fond de teint masculin. Les gens que j’avais rencontrés et qui en portaient à Waseda étaient soit Coréens, soit Hongkongais.
  4. Il existe une sorte de vague chez les garçons qui consiste à ne pas s’approcher des filles et à vivre sa vie entouré de célibataires. Je n’ai pas très bien compris d’où venait cette phobie du sexe opposé, mais il semblerait que beaucoup d’hommes aient la flemme de rencontrer des femmes, de sortir avec elles, de discuter avec elles, etc. Un ami français m’a expliqué tous les problèmes qu’il a eu avec sa presquepetiteamiejaponaise, je comprends un peu mieux pourquoi. Tout semble si complexe ! Il faut poser les bonnes questions, ne pas être trop entreprenant mais tout de même pas trop amorphe, tâter le terrain toutes les 5 minutes… MAIS POURQUOI VOUS FAITES CA ? En plus de ça, il semblerait que l’évolution de la place de la femme dans la société (moins à la maison, plus au travail, avec des femmes plus ambitieuses et plus “rentre-dedans”) ne les aide pas. Donc, développement des 草食男子 (garçons végétariens) qui ouvrent des cours de cuisine et de couture où ils discutent à l’abris de la présence maléfique des femmes. Je mènerai mon enquête cette année.

Je dis toutes ces bêtises, mais ça n’empêche pas le Japon de marquer la différence entre hommes et femmes, et durement qui plus est :

  1. Linguistiquement : au niveau linguistique, il y a des différences notables entre masculin et féminin, même si le japonais ne connait pas le masculin et le féminin pour les objets. (Ils vous demanderont toujours pourquoi on dit une table ou un tablier, car selon eux, ça n’a aucun sens.) Déjà, quand vous voulez dire “je” (qui se dit relativement peu, comparé au français), vous avez trois possibilités principales en tant qu’homme : “私 – watashi“, “僕 – boku” et “俺 – ore“. Watashi est l’expression la plus polie. Elle s’utilise en milieu formel. C’est également le “je” des femmes en toute circonstance. (Ça commence à devenir compliqué.) Boku est uniquement pour les hommes et s’utilise en milieu relativement informel. C’est une forme assez “douce”, neutre. J’ai par exemple l’image d’un petit garçon qui tend un jouet en disant “僕のおもちゃなの – boku no omocha nano (c’est mon jouet)”. Et puis vient le Ore, dans toute sa virilité. Il est moins utilisé que les autres, même en milieu intime, parce qu’il sonne assez “dur” : “je suis un homme, voilà, ORE !” C’est comme ça que je le ressens. (On peut encore s’amuser, avec les différentes déclinaisons possibles. Par exemple, watashi devient watakushi en forme encore plus polie. Mouaha.)
    Le japonais a des mots qui sont uniquement utilisés par les hommes, d’autres uniquement par les femmes. Une jeune fille minaudant pourra dire atashi (en effaçant le w du début), mais ce n’est presque jamais utilisé par les hommes, à part en situation comique ou, parfois, par les homosexuels comingoutés. En discutant de ça avec une amie coréenne, elle m’a dit “Mais c’est super sexiste comme langue !”. Eh oui ! Il est par exemple très déplacé et peu glamour de dire “くそ – kuso (merde)” quand on est une Japonaise so kawaii.
  2. Socialement : clairement, il y a des distinctions qui sont faites entre les hommes et les femmes, notamment parce que la femme a encore une place assez… limitée en société. Peu de femmes travaillent à temps plein pour l’instant. Elles sont généralement à temps partiel, s’occupant des enfants, des repars, du ménage, des courses, etc. L’homme travaille et subvient aux besoins de la famille ; la femme gère le budget et s’assure que le ménage fonctionne correctement. Si le pourcentage de femmes chef d’entreprise est encore bas en France, je n’ose même pas imaginer ce qu’il en est au Japon.
  3. Culturellement : clairement, les Japonais tirent un trait entre homme et femme. Ce n’est pas comme s’il était largement accepté de se déguiser en femme pour aller au travail ou que les femmes pouvaient agir comme des hommes. Il y a des codes sociaux et culturels (nombreux, siiiii nombreux) qui dictent les gestes et les actes des uns et des autres. Si la frontière est différente de celle qui existe en France, ça ne veut pas dire pour autant qu’elle n’existe pas. Une femme est une femme, un homme est un homme. Et on vous le fera sentir.

En attendant, cette année sera l’année du boy maid cafe, à savoir le maid café où les maids sont des hommes. Le dernier truc amusant dont j’avais entendu parlé, c’est le maid cafe HARD COOORE que j’ai pris la liberté de renommer “SM maid cafe” : on y sert les gens affreusement mal, du genre “jetejettelacarte,t’asqu’àlarattraper”. J’ai trouvé une petite image assez symbolique (“バカ = stupide”). Tu payes 600 yen pour te faire traiter d’idiot ? C’est concept !

Et dire que tout cela a commencé avec mes Zoom zoom my heart like a loquette… (Je pense que vous allez très souvent voir cette magnifique citation de la chanson Beautiful Target, mieux vaut vous y habituer.) Eh bien, ça va finir en toute beauté (comme le porte-bonheur chinois), avec un groupe assez mythique de Waseda qui s’amuse à imiter les AKB48 (yeuk) et qui sont même apparus à la TV. On les a vus au Festival de la fac (et parfois en répétition au milieu du campus), ce fut fort amusant. Mais AGAIN, les poils les garçons, c’est bah, surtout quand on porte une mini-jupe !
Oh, et puis j’ai trouvé ça en passant, donc je vous le rajoute. C’est un miss constest dans un lycée quelconque au Japon.

Sur ce, je m’en retourne à ma sociologie (히~잉) !

_________

Spécial jeconnaislesB1A4etjesaisàquelpointMarieadesproblèmes. Autres : s’abstenir.

#7

WTF JAPAN

Je pense vraiment qu’après l’émission “WTF Korea” de eatyourkimchi, il faudrait quelqu’un pour faire une émission “WTF Japan”. Il y aurait tellement à raconter. D’ailleurs, je vais en profiter pour créer une petite catégorie, histoire de commencer à lister ces choses étranges que l’on trouve au pays du Soleil Levant.

Aujourd’hui, je suis tombée sur une affiche qui m’a fait me poser plusieurs questions. La voici :

ロッテファミリーコンサート (Lotte Family Concert)

ロッテファミリーコンサート
(Lotte Family Concert)

Jusque là, tout va à peu près bien, en dehors des Coréens à moitié nus qui posent de manière awkward, so awkward sur l’affiche. Voyant “Lotte Family Tour” et le nom des groupes, je me suis dit “Aha, grand rassemblement Kpop à Séoul ?”. Puis,  je me suis rendu compte que je comprenais ce qui était écrit sur l’affiche = c’est écrit en japonais. Bon, WTF, ça commence mal. Un regroupement de Kpop à Tokyo, woup woup ? Je me rapproche un peu et vois “in SEOUL”. Là, mon cerveau est en surchauffe, je ne comprends plus rien. Je décide de me la jouer Sherlock Holmes (au moins) et je me penche encore un peu plus en avant (oui, je sais, je me fais vieille, il faut que je change de lunettes). Des dates s’alignent. “ツアーのポイント” : il s’agit donc d’un voyage organisé ! Et là, again, WTF ?! Un voyage organisé pour de la Kpop ? On dirait bien.

Là, ma curiosité malsaine prend le dessus, je décide d’aller voir dequoiças’agit plus précisément en allant sur le site. Je tape fébrilement les quelques mots en japonais – so bilingue – et tombe sur la page officielle de la chose. On m’annonce déjà que les formules C, D et E ne sont plus disponibles, à savoir des séjours de trois jours, quatre nuits. C’est que ça se vend bien ces tours ! Surtout qu’en y regardant de plus près, le 17 est un jeudi, le 18 un vendredi, et les Japonais sont quand même connus pour leurs jours de congé quasi-inexistants.

Mais qui va donc à ces concerts ? Je serais vraiment intéressée si quelqu’un pouvait me répondre. Dans ma tête pleine de clichés, ce sont des femmes de plus de 40 ans et des personnes âgées qui seraient susceptibles d’y aller. J’ai du mal à voir comment une collégienne pourrait sécher deux/trois jours de cours et faire payer 200~300€ à ses parents pour aller voir 2PM à Séoul seule. Mais quand on regarde l’affiche, ça devient chaud : 2PM, EXO-K, GOT7, BTS, VIXX, B1A4. Moyenne d’âge : 22 ans ? Et encore, je vois large. Les BTS ont entre 15 et 18 ans, dans mes souvenirs. Les EXO ressemblent toujours à des ado pré-pubères avec un peu trop d’eyeliner. Et vu le style musical, j’ai du mal à voir comment des soixantenaires pourraient quipher*. Mais tout est possible. D’ailleurs, c’est en regardant une interview de SHINee (non, je n’ai pas honte) que j’avais enendu Onew dire “Ce qui est différent au Japon, c’est qu’on a un public de personnes plus… mûres…” T’inquiètes, Dubu, on dit “vieilles”, ça marche aussi.

Ma mère m’avait parlé de ce phénomène. Tout a commencé (avec son arrière-grand-père ?) avec ce cher ヨン様 (“Yon-sama”, de son vrai nom Bae Yong Jun), précurseur de la Korean Wave. Le drama “Winter Sonata” avait fait un carton au Japon et toutes les dames (plus ou moins jeunes) avaient été séduites par ce jeune homme graou graou. Et le tout a continué, gonflé, culminé avec l’export massif de pop coréenne à l’étranger. Les radios japonaises ne peuvent plus fonctionner sans les versions nippones des chansons à la mode à Séoul (à notre époque Taxi ou Genie). Les groupes se succèdent et font de la concurrence aux idols locales. Et apparemment, le public accroche, sans distinction d’âge ! Il suffit de regarder des live de ces groupes coréens pour s’en rendre compte. Que ce soit au Japon ou en Corée, on peut voir ces dames se trémousser et agiter d’énormes éventails au nom de leur artiste préféré. Elles se repèrent assez facilement dans les concerts en Corée, c’est amusant à regarder.

Une des voisines de ma grand-mère est dans ce trip, il me semble. Elle est fan d’un acteur coréen, mais il n’est pas aussi jeune. Parait-il qu’elle a collé des posters un peu partout et participe à ces voyages organisés pour aller à des fan signing. C’est funky. Personnellement, je me sens déjà tellement mal de rire bêtement en regardant les B1A4, sachant qu’ils ont un an de moins que moi. Je me sens si pédo-nuna, comme on dit dans le jargon (nuna = grande sœur du point de vue d’un garçon), c’est BAH ! (MaisSandeulesttellementchou,jenevoispascommentrésister,-à&éà’z&à”€#¤^*$) Comme quoi, il faudrait laisser ses complexes derrière soi et foncer. Après tout, on ne vit qu’une fois !

M’enfin, tout ça pour dire qu’ils ont quand même des voyages organisés pour aller à des concerts de Kpop ! Parce que vous ne pouvez pas y aller par vous-mêmes ? Vous me direz, ça permet à ses dames de ne pas se retrouver seules. Elles sont entourées de personnes avec lesquelles elles peuvent discuter et partager leur passion. Moi je dis, création de lien social, ça coule ! Et puis, ça permet de voir plusieurs groupes le même jour, ce qui n’est pas négligeable, vu le prix des concerts (compter 9,500 yen en moyenne pour ce genre de groupes). Je l’avoue, voir les B1A4 (nyah), BTS et VIXX en un concert, ça ne me dérangerait pas. Mais très clairement, je n’aurai pas le temps de demander un re-entry permit en une semaine à Tokyo, donc je m’assieds sur l’idée d’aller à Séoul si rapidement. D’ailleurs, si quelqu’un voulait bien venir avec moi au concert des B1A4 très très prochainement (5 avril), histoire de visiter le Yokohama Arena, ce serait encore plus coule ! (Ok, je vais me cacher.)

* en français dans le texte, yep.

_______

PS : et moi il faut que j’arrête d’écouter cette chanson, je crois que mon frère va venir me découper à la petite cuillère si je la laisse tourner encore une fois… (Mais le 아아아아아아싸,좋오오오오오오다 de GD est addictif.)

PPS : je viens de re-jeter un coup d’oeil à l’affiche, et les 2PM en font un peu trop. A peine. Beuh.

#6

BLANC

Mes voisins font des travaux et j’ai la tête comme un ballon sur le point d’exploser. OSEF, me direz-vous, mais c’est très perturbant.

En attendant, j’ai fait une découverte incroyable dans la salle de bain ce matin. Etant rentrée à Paris, je traînasse actuellement à l’appartement, comme une âme en peine, tentant de me motiver pour mes recherches diverses et variées. Ayant le temps de me perdre dans les tréfonds des tiroirs de l’appartement, je me suis amusée à faire un peu de tri dans les produits de beauté familiaux quand tout à coup est apparu ceci :

Shiseido Essence EX

Shiseido – Essence EX

P1040537

Shiseido – Essence EX

Jusque là, rien de bien extraordinaire. Une crème quelconque, de la taille d’un stylo, de chez Shiseido. Je retourne le tube et là, choc :

P1040535

Shiseido – Essence EX
Prix : 12,000Y

12,000Y, au taux de change actuel, ça fait quelques 86€. Perplexe, je sors de la salle de bain et demande à ma mère : “Mh, maman, c’est le VRAI prix ?” “Oui oui, pourquoi ?” “Mais… ça vaut 12,000Y ?” “Ben… oui.” “Mais c’est QUOI ???” “Ben, de la crème blanchissante (美白) !”
Ma mère m’a regardée l’air de dire “bêta, tu ne sais même pas ça ?” Désolée mom, je ne suis pas spécialiste des crèmes étranges que les gens de ton pays utilisent (petit effet de distanciation, blabla). Bref, quelques 86€ pour une crème aux vertus douteuses. Car, il faut le dire, Shiseido a eu quelques petits problèmes les derniers temps, avec des gens qui souffraient de soucis de dépigmentation. Ils ont naturellement répondu que c’était les utilisateurs qui tendaient à utiliser plusieurs produits blanchissants, ce qui provoquait des effets indésirables. De fait, j’avais conseillé à ma mère et à ma grand-mère de les éviter. Mais ma mère est traumatisée par ses taches de rousseur “affreuses” qui poussent en été et souhaite garder un teint de poupée. Elle ne comprend pas que je puisse penser que les taches de rousseur donnent un certain charme et se refuse à prendre le soleil.

Quand on est en Asie, on devient paranoïaque, tout du moins au Japon. Tout est fait pour vous rendre plus blanc. Maureen avait d’ailleurs fait les frais de cet amour des produits blanchissant, sans faire attention. En même temps, elle pouvait difficilement faire attention à ces étranges propriétés dont elle ne soupçonnait pas l’existence. En tout cas, le Japon est le seul pays dans lequel on a complimenté la blancheur de mon teint, qui aurait simplement été qualifié de “maladif” en France en été. J’ai, depuis, décidé de me laisser porter par cette mode orientale et de ne pas faire d’effort pour prendre le soleil (puisque de toute manière, je finis rouge tomate, Maureen pourra en témoigner).

Le Japon, c’est le pays dans lequel les filles porteront des manches longues même au plus fort de l’été, avec 37°, pour éviter de bronzer. Les leggings sont d’ailleurs appréciés, pour protéger les jambes. Les vieilles dames portent des visières et des gants pour faire du vélo, tandis que les crèmes solaires remplissent les rayons. Les produits de maquillage comme les BB Cream sont anti-UV, tandis que les démaquillants et crèmes de soin sont censées vous aider à blanchir. De fait, la plupart des jeunes filles ont des airs de poupée, avec une heure de maquillage en amont. Elles ont le teint pâle, les joues rosies, des cils (pas très naturels) longs au coin de yeux (effet ‘oeil-de-chat’ garanti). Elles marchent lentement, les pieds rentrés vers l’intérieur, de cette manière si gauche qui les trahit à Paris.

Contrairement à ce qui se fait en Europe, la femme se doit toujours d’être blanche au Japon. Même à la plage, elles sont recouvertes d’une épaisse couche de crème solaire et elles se cachent souvent sous des parasols. On m’a souvent dit “c’est comme au 19e siècle, en France”, l’air de dire “ils sont pas un peu en retard ?” Certes. Mais je ne sais pas si c’est du retard, ou simplement le désir d’avoir ce que l’on n’a pas. Les Japonaises ne sont pas particulièrement bronzées et elles sont loin d’être “jaunes”. Certaines ont un teint perlé assez incroyable, même si moins rosé que ce que l’on voit en Europe.

Il faudrait d’ailleurs voir comment ce désir de blancheur a évolué, entre l’époque où le Japon était fermé et la période post-WW2, pour voir si le “blanc” en question a changé. Avant, on pouvait voir des femmes utilisaient de la poudre de riz pour blanchir leur visage (cf. les geisha pour exemple extrême), ce qui leur donnait vraiment une peau blanche. Mais aujourd’hui, le blanc est-il toujours aussi immaculé ou tire-t-il sur le rose ? Tout ceci n’est pas bien clair, mais tant pis. Il serait également intéressant de voir ce qu’il en est des hommes également. En regardant certaines émissions coréennes, j’ai vu des garçons complimentés pour leur teint pâle (à la limite du transparent pour certains) et me demandai s’il en était de même au Japon. Il faudra mener une enquête. De manière plus générale, cela rentre dans ma recherche sur le cosmétique en Asie. Si vous avez des suggestions ou des idées, je suis preneuse ! 宜しくお願いしま~す。