#16
NO, MY NAME IS NOT MARIÉ, IT’S MARIE!
Hier, ma mère regardait une émission intéressante sur le non-mariage des jeunes Japonais. Elle se concentrait sur pourquoi les femmes n’avaient pas forcément envie de se marier et comment elles vivaient ce choix. Ce qui était frappant, c’était la différence des raisons avancées par les Françaises. Il y a une version sur pourquoi les hommes ne veulent plus se marier, mais je n’ai pas encore eu le temps de la regarder. Je vous dirai, à l’occasion.
En attendant, les femmes mettent en avant quelques arguments assez raisonnables mais parfois surprenants :
- Je ne veux pas perdre ma liberté ;
- Je ne veux pas être mère maintenant ;
- Je suis trop occupée ;
- Je ne veux pas arrêter de travailler ;
- Je ne suis pas capable de m’occuper du ménage (au sens de couple) ;
- Le mariage ne signifie plus “stabilité économique”, je préfère m’occuper de moi même ;
- …
Le mariage est associé avec : perdre son emploi, s’occuper des tâches ménagères, faire des enfants. Il y a une dimension fortement privative de liberté qui est avancée par ces dames. Certaines disent “ça ne me dérangerait pas de devenir femme au foyer, mais je suis encore trop jeune pour ça”. WTF ?
En même temps, quand on y pense, les choses ne sont pas faites pour que les femmes puissent prendre leur envol. Il existe encore beaucoup de pression sociale pour que la femme ne prenne pas trop de place dans les entreprises (les femmes “carriéristes” étant souvent pointées du doigt), tandis que l’absence d’infrastructures pouvant prendre en charge les enfants rend difficile le cumul enfant + travail à temps plein. Les femmes sont donc amenées à rester quelques années à la maison, à s’occuper de la progéniture, tandis que monsieur s’échine à ramener de quoi manger.
C’est amusant que personne n’ait encore proposé d’ouvrir plus de crèches et écoles maternelles. Après tout, c’est tout de même un moyen assez efficace pour permettre l’empowerment des femmes, comme ils disent si bien. Que les hommes n’y pensent pas, c’est leur problème, mais que les femmes ne s’organisent pas un minimum, c’est étonnant. Les temps changent, les femmes sont de plus en plus indépendantes, mais elles n’ont toujours pas imprimé l’idée que si elles ouvraient des crèches, ça soulagerait tout le monde ? Étonnant.
Le rôle de la femme, pilier du foyer et de la vie domestique, est-il encore si bien ancré dans les esprits ? C’est ce qui semble transparaître, puisque même les femmes se conforment à ce schéma de pensée. “Je ne veux pas devenir une femme au foyer.” Mais pourquoi diable le deviendrais-tu ? “Je ne veux pas perdre ma liberté.” Parce qu’il n’y a aucun homme au Japon qui comprendrait une femme qui souhaite conserver une part de sa vie personnelle ? C’est comme si l’émancipation des femmes ne pouvait se faire qu’en opposition frontale avec les hommes, comme s’il était impossible de combiner vie sentimentale et vie professionnelle ; nonsense.
Je pense que ce serait intéressant d’en parler avec des gens de notre âge, parce que les personnes interrogées étaient un peu plus âgées (un peu plus que la trentaine). Apparemment l’effet bulle économique des années 90 est important, car quand on interrogeait les femmes de l’époque sur ce qu’elles pensaient du mariage, elles parlaient d’épanouissement personnel et de romance, alors que les femmes aujourd’hui parlent plutôt de stabilité économique et d’enfants. Ah, les effets de la conjoncture !