#34

by daydreamer

EGALE EDUCATION

Aujourd’hui, je suis allée faire mon examen médical à l’université. Comme je ne suis pas douée, j’ai mélangé 水et木et me suis donc retrouvée à l’entrée lors d’une journée consacrée aux garçons. Dur. La dame me fait gentiment remarqué que ce n’est pas le bon jour mais que c’est le dernier, et que donc elle me laissera passer l’examen à 11h45.
J’y retourne donc, armée de tout mon courage. Pour aller à cette visite, j’ai refusé tous les soirs de la semaine d’aller manger et boire avec mes colocataires. J’ai fait des efforts, vraiment ! J’espérais donc ne pas trop me faire taper sur les doigts.
J’arrive, donc. On me demande ma carte étudiante, puis on m’imprime ma fiche à renseignements personnels. On me tend un gobelet, direction les toilettes. Tout est bien indiqué, avec des flèches et des séparations, et naturellement, des infirmières souriantes. C’est tout de même bien pratique d’avoir son propre hôpital, ça permet d’avoir tout le matériel et le personnel sous la main lorsqu’on en a besoin.
Après les toilettes, la taille et le poids. J’ai, apparemment, rapetissé de 0,5cm, je ne sais pas si je dois m’en inquiéter. En dehors de ça, mes efforts hebdomadaires ont porté leurs fruits et j’ai bizarrement perdu 4kg. Improbable, mais agréable.
Après vient l’heure de la tension artérielle. Ouuuh, instant de crispation. Après tout, lors de ma visite chez le docteur 3min, comme l’appelle Gaëtan, il m’avait comprendre que rien n’allait plus. Je me suis donc dit qu’avec les normes sévères souvent en vigueur au Japon, je devais être au bord de la mort localement. Après une première prise lamentable, le médecin tente de me mettre en confiance, me dit de respirer calmement et me fait répondre à quelques questions en attendant que ma tension baisse un peu. Non, je ne fume pas ; non, je ne bois pas tous les jours (promis) ; non, je ne suis pas enceinte ; oui, je vais bien dans ma tête ; non, je ne suis pas suivie dans un quelconque hôpital. Retour à ma tension, tout est normal. Je l’ai échappé belle.
La prise de tension est suivie de la prise de sang (aïe), puis d’un électro-cardiogramme (POURQUOI ?) et d’une radio de mes (magnifiques) poumons. On me prête un t-shirt blanc, me pose le menton sur la machine, « arrêtez de respirer » et boom, fini. Le tout n’aura duré que trente petites minutes, les étapes s’enchaînant les unes aux autres sans aucun temps d’attente. Est-ce cela, le Toyotisme (racisme) ?!
Ce qui est intéressant, c’est de voir que pour ces visites médicales, 2 jours sont consacrées aux femmes, contre 5 pour les hommes. En discutant avec un élève de la faculté l’autre jour, j’ai découvert que la raison est simple. Tôdai est fréquenté à 80 % (ou presque) par des étudiants masculins. La professeur de sociologie des migrations étant à côté de nous, je lui ai demandé pourquoi. Elle m’a répondu que c’était simple : les parents investissent plus dans leurs garçons que dans leurs filles. Ce qui peut se comprendre, quand on pense que souvent les filles travaillent, se marient, font des enfants et arrêtent de travailler. Leurs perspectives de carrière étant moins importantes et leur statut variant beaucoup selon celui de leur mari (ahum), pourquoi investir dans une fille alors qu’on peut simplement la marier à quelqu’un de bien placé ? C’est relativement rationnel, même si profondément agaçant. En plus, ça vaut le coup de bien éduquer vos filles et de les envoyer dans une université publique : ça vous coûtera moins cher ! PENSEZ-Y !

Bref, sur le chemin de mon incroyable job étudiant, je me suis également arrêtée dans un salon de massage pour tenter de faire débloquer mes épaules. Ce ne fut pas chose facile. N’ayant pas énormément de temps, j’ai demandé 10min (1000y). Je me suis assise sur la chaise de massage et le monsieur a commencé à triturer mes épaules. Et là, c’est le Drame ! Oh mon dieu, mais c’est que ça fait mal samère ! Il a passé énormément de temps sur mon épaule gauche, complètement bloqué, en me posant régulièrement des questions.
« Qu’est-ce que vous faites comme travail pour être aussi crispée ? »
« Je suis… étudiante… »
« Vous êtes étudiante et vous êtes déjà aussi crispée ? Mais qu’est-ce que ça va être quand vous allez avoir un travail ? »
« Je me le demande bien… »
« Vous êtes vraiment… crispée… Ca va, vous n’avez pas trop mal ? »
Non, j’ai juste envie de pleurer toutes les larmes de mon corps actuellement, mais tout va bien. J’y ai d’ailleurs laissé une bonne partie de mon maquillage, mais tant pis. J’ai vraiment eu l’impression que chaque partie de mon corps que ses mains touchaient se mettaient à chauffer puis à picoter et enfin, à faire horriblement mal. Une vraie torture. Mais c’est vraiment intéressant de voir à quel point la première fois ça fait mal, puis quand il revient sur une partie qu’il a déjà massée, ça fait de moins en moins mal. Je suis toujours méchamment coincée, surtout dans le bas de mon dos, mais c’est un début. Après tout, quand j’étais allée voir l’ostéopathe à Lille, j’avais aussi dû y aller 2 fois une heure pour que ça fasse effet et que mes douleurs dans le dos s’estompent. Je suis donc encore loin d’un résultat satisfaisant. De fait, je vais retourner faire faire un massage de la mort qui tue avec Gio ce samedi ou la semaine prochaine. Parce que je n’ai rien d’autre à faire, naturellement. Ahum.

Sur ce, je m’en retourne à mes traductions diverses et variées.
A la bonne vôtre.